Trop d’amour, la dernière création d’Esther Moreira retrace le parcours de sa grand-mère, Conceiçao, née au Portugal sous le régime d’António de Oliveira Salazar. Conceiçao traverse pendant la pièce tous les épisodes de sa vie qui l’ont marquée. La pièce constitue une forme de voyage, une forme de bilan, mais surtout un grand cri de colère. C’est une révolte, une douleur profonde qui pousse Conceiçao à raconter, à répéter, à marteler toutes ses histoires. Cet espèce de roman-national intime vient remettre de l’ordre, donner une finalité à une vie difficile et absurde. Il permet de se redonner de la dignité, de se faire justice. La question des mots, du langage et des langues devient vitale.
La pièce est duo entre un batteur, et une comédienne : un grand récit par petites touches, par couches successives, une épopée déstructurée. Un portrait en puzzle d’une femme qui a traversé la vie. Qu’est-ce qu’elle en retient ? C’est aussi le portrait en creux d’une famille, une réflexion sur la transmission : de génération en génération, qu’est ce qui transperce, qu’est ce qui se transforme ? Comment l’immigration bouleverse-t’-elle la structure de la cellule familiale, à tous les niveaux : géographique, économique, mais aussi intime ?